Livre ancien Les végétaux et les milieux cosmiques

Vers quel but tendent les sciences de la nature ? Doivent-elles "se borner à observer, constater, décrire les faits et les coordonner à l'aide de la classification", comme le voulait Cuvier ? Est-il admissible que l'édification de la "méthode naturelle" soit "toute la science" ?

Malgré tout le respect dû à une des plus grandes gloires de notre pays, nous ne pouvons-nous empêcher de trouver cette conception bien étroite. Cuvier, d'ailleurs, ne s'était pas toujours exprimé ainsi, et, en 1796, dans le plein épanouissement de son génie, il voulait que le savant s'élevât "avec enthousiasme à la recherche des causes".

La découverte des causes n'est pas toujours facile en Biologie, et bien souvent le naturaliste les remplace par les hypothèses les plus chimériques ; aussi ces dernières sont-elles suspectes à beaucoup d'excellents esprits, à ceux en particulier qui, sans rechercher la gloire bruyante, contribuent le plus puissamment aux progrès de la science.

Ces pionniers patients du progrès, qui sont légion, répètent volontiers avec Cuvier que "les faits sont pour l'esprit humain la seule acquisition durable et que c'est vers leur découverte que les esprits sages doivent diriger leurs efforts". C'est à la science des faits que ces savants croient devoir tenir, car, en dehors d'elle "il n'y a que succès illusoires et triomphes d'un jour".